Solidarité de la CJCA avec les juges de la Cour Suprême du Kenya

 

La Conférence des Juridictions constitutionnelles d’Afrique (CCJA) et le pouvoir judiciaire sud-africain sont profondément préoccupés par les remarques faites par Son Excellence le Président Uhuru Kenyatta au sujet du juge en chef Maraga et d’autres collègues de la magistrature kenyane. Ils ont évidemment été déclenchés par l’annulation par la Cour suprême de sa réélection.

 Son Excellence le Président aurait déclaré que le Kenya avait un «problème» avec son pouvoir judiciaire qui doit être réglé, a demandé «qui vous a même élu» et a déclaré: «six personnes ont décidé qu’elles iraient contre la volonté du peuple» . Il aurait allé jusqu’à marquer le juge en chef et ses collègues comme « wakora » ou « escrocs ».

 Ces remarques largement télévisées et publiées sont très malheureuses, mal conseillées et troublantes en raison de leur caractère potentiellement incitant venant du chef de l’Etat. C’est surtout le cas lorsqu’on l’a fait dans une atmosphère électorale qui n’était pas totalement exempte de tensions extrêmes et d’incidents de violence assez sérieux. Ils pourraient être intimidants mais pourraient également exposer le pouvoir judiciaire kenyan au danger. Ils projettent par inadvertance les juges comme des ennemis de la volonté des gens qui doivent être « réparés ».

 L’Union africaine a encouragé la mise en place de la CCJA afin qu’elle puisse contribuer à la réalisation du rêve continental de veiller à ce que toutes les élections soient pacifiques, libres et équitables et que le constitutionnalisme, les droits de l’homme, la loi et l’indépendance judiciaire soient promus et observé. Nous exprimons ici notre soutien inébranlable au juge en chef et à la magistrature kenyane pour leur engagement à maintenir leur serment d’office qui exige qu’ils agissent en vertu de la Constitution et de la loi et sans peur, faveur et préjugés.

Nous célébrons leur conduite éthique, leur engagement incontestable envers l’indépendance judiciaire et les exhortons à ne jamais trahir leur obligation de veiller à ce que le Kenya continue de fonctionner comme une démocratie constitutionnelle par opposition à la démocratie présidentielle. Ils ont rempli leur mandat constitutionnel de la manière la plus exemplaire et ne doivent pas seulement être recommandés, mais aussi émulés.

MogoengMogoeng

Juge en chef de la République d’Afrique du Sud

Président de la Conférence des Juridictions constitutionnelles d’Afrique